Les mots surlignés font l'objet d'une note
1Reçue à Grenoble, le 28 février 1573.
2Monsieur, partant de Paris je vous rescripvis mesmes en reponce
3des votres dernières par lesquieulles m’espcripviés pour metre une fin
4au fait de Seint Sernin, auquieul suis marri ne me
5puisse emploier comme j’heusse desiré. Mais je
6m’assure que monsieur de Chatellart y faire autant
7ou plus que moy. Je essaierai davoir letres de
8Monsegneur à sa Seinteté et de monsieur de Nevers
9à ses parens et amis suivant votre intension. Vous
10mexcuserés aurreste monsieur, si n’avés despuis notre
11partement de Paris heu aucune letre de moy, je
12n’en ai heu aucune comodité n’ayant seiourné ny
13que passer à travers. Monsieur de Monestier y leissa
15es meins dung marchant de sa cognoisance des letres
16pour Dauphiné quil avoit de provision et si en heusses
17esté adverti, vous heussiés par mesme moien heu des
18notres. Nous sommes venus de compagnie avec ledit sieur de
19Monestier et messieurs de Vance et de Conbaut qu’avés
20Poitiers quatre liues où nous allions trouver Monsegneur,
22nous sceumes quil en partoit, qui feut occasion de nous
23faire prandre notre dret chemin ici doù avons mandé
24au camp ^ [^ qui n’est que trois liues] despuis hier pour y avoir lougis et esperons,
25Dieu aidant, nous y acheminer demein et si Monsegneur
26ny arrive ce jour mesme, se sera le landemein, car le
27premier jour de caresme ou hier, il debvoit partir
28de Nyort qui n’y a que dix liues iusques au
29camp. Cepandant je me suis pancé de commancer
30ici ceste depeche pour vous dire que mon nepveu et
31moy soumes arrivés, ayant estés tousiours en bone santé,
32Dieu merci, esperant bien à larrivée de Monsegneur
33avoir de voz letres, car monsieur de Chatellart aura
34assés de moien nous les adresser comme nous fairons
35les notres à luy. De nouveau je ne vous puis dire
36sinon que ceux de La Rochelle fonunt toute demonstration de
37se vouloir opisniatrer et ne saperçoyt lons en rien qu’ils
38[140 v°] s’adoulcissent pour laproche de Monsegneur, chose que sanbloit que
39beaucoup de gens se prometoint. Dans peu de jours l’ons
40verra ce quils voudroint et scauroient faire car lons les
41aprochera de plus près. Iusques ici, n’y a aucunes
42tranchées faites, si nest aux vilages où l’ons est campé
43et quelques maisons plus proches de la vile où y a
44de nous gens de pied logés. Monsieur de La Noue
45est dans la vile et parle lons diversement de
46son intension. Le temps nous en rendra assurés. Il
47ne se parle daucung secours estrangiers qui ne fayt
48esperer briefve issue de ce siège quoy qu’il nous couste.
49party du roy. Aurreste je ne vous dis rien de
51la pitié et desolation des environs de ce lieu.
52Nous avons comancé à nous en resantir bien tost après
53le partement de Paris, car tout est mangé par les
54chemins à cause du passage de gens de guerre
55et des conduicteurs des munitions dartilherie. Lons
56me assure qu’à Chateleraud, Poitiers, Niort et autres
57à cinq mille pouvres ^ [^ en troupe] crians à la feim et quil a fait
59de belles aumosnes. Dieu par sa grace veulhe avoir
60pitié de nous et ne nous continuer longuement en
61ses calamités. Estant arrivé au camp, j’adjousteray à
62cesteci ce que pourray aprandre de nouveau. Cependant,
63je me recoumanderai très humblement à vous bones graces et celles
64de madame de Gordes s’il vous plait et prierai Dieu vous
65donner,
66monsieur, en sainté, contante vie. De Maran, ce 5e
67febvrier 1573.
68Votre à jamais très humble et
69très obeissant frère
70De Simienne